IV

D’une chiquenaude, madame Première fait un trou dans la Grande Muraille ; le juge Ti comble cette brèche avec sa tête.

 

L’expédition pour le mur Dix-Mille-Lis avait été préparée avec soin par l’architecte en chef. Des chevaux, le moyen le plus commode pour gravir la colline, attendaient le magistrat et sa suite devant la commanderie. Quant au commandant Xue, il s’était fait excuser, et Ti préféra ne pas s’interroger sur les raisons de cette démission inopinée.

Madame Première avait revêtu le costume d’équitation des dames Tang : elle avait enveloppé son épaisse chevelure noire dans un foulard surmonté d’un élégant chapeau rond, et portait une robe plus près du corps que sa tenue ordinaire, fendue de manière à lui permettre de tenir en selle comme les hommes. Elle avait enfilé en dessous une sorte de pantalon qui protégeait ses jambes de la froidure aussi bien que des regards indiscrets.

La petite troupe quitta la ville par la porte nord, d’où une route parfaitement aplanie par les allées et venues continuelles des convois lourdement chargés conduisait vers les montagnes.

Entre la cité et les cimes imposantes se déployait une série de monts beaucoup moins élevés, sur la crête desquels courait la construction millénaire. À cette distance, le spectacle était encore plus grandiose que depuis la tour de la cloche. L’architecte, qui chevauchait à côté du mandarin, se mit à lui faire l’article avec conviction :

— Votre Excellence admire en ce moment le plus grand monument du monde !

L’un des propos des longues études confucéennes suivies par Ti avait été de lui apprendre à se méfier des idées préconçues.

— Comment pouvez-vous savoir qu’il en est ainsi ?

— Parce qu’il est inconcevable qu’un peuple égale la puissance et l’harmonie de notre civilisation ! rétorqua Lu Bu avec aplomb.

Le juge se dit qu’une telle certitude rendait en effet les voyages inutiles.

Malheureusement, l’éblouissement du début se dissipa à mesure qu’on approchait du chef-d’œuvre. Ti découvrit peu à peu les tours, qu’il jugea petites, et les murs, qu’il estima fort bas. À entrevoir de loin cette masse, il avait supposé qu’il s’agissait de pierres taillées. La couleur trahissait désormais la brique dans la majeure partie de l’ouvrage. Il fit la moue.

— Cela suffit à arrêter les sauvages, ce tas de terre cuite ?

— Parfois, nous accrochons sur les créneaux le portrait de Sa Majesté. Cette image leur impose le respect, affirma son guide.

— On m’avait parlé d’un bâtiment en pierre… reprit le mandarin comme un client déçu par ce qu’il trouve dans son assiette.

— Cela, c’est pour la partie chic de la Muraille, noble juge. Dans cette région modeste, elle est en terre toute simple.

Ti soupira à l’idée qu’on l’envoyait une fois encore vider les poubelles de l’empire. Sa déconvenue l’engagea à la critique.

— J’ai peine à croire qu’un mur, si long soit-il, parvienne à retenir des envahisseurs vraiment décidés.

L’architecte avait réponse à tout.

— Nul mur ne saurait retenir des envahisseurs, noble juge. C’est la vision de la grandeur impériale qui les retient. La Muraille marque le début de l’harmonie. Elle est la séparation entre le tout et le rien.

— Ah, je vois : c’est un symbole.

— Non, noble juge. C’est une séparation réelle.

Ti avait du mal à cacher ses doutes quant à la protection qu’apportait cette construction, même en bon état. Lu Bu possédait cependant une panoplie complète d’arguments bien rodés.

— Que Votre Excellence me pardonne mon outrecuidance, mais je crois qu’elle n’a pas saisi le mode de fonctionnement de cet ouvrage. Il représente un message de l’empereur à l’attention des sauvages de tous poils : s’il a pu édifier un si long mur, de quoi n’est-il pas capable ? C’est un avertissement. Une image resplendissante de sa grandeur.

Ti en était bien convaincu – avoir une autre opinion aurait constitué un crime de lèse-majesté. Mais plus le cortège gravissait la colline, moins « l’image de grandeur » resplendissait. L’architecte avait lui aussi une question :

— Est-il vrai que, vers l’est, les tours sont d’un style plus orné ?

— Qu’est-ce que j’en sais ! répliqua le juge. Vous croyez que je passe mon temps sur ces vieilles pierres ?

Ils atteignirent tout d’abord les briqueteries, où s’élevaient d’énormes tas rectangulaires disposés entre les fours. Ils dépassèrent ensuite des carrières, d’où l’on extrayait le matériau pour la base et le gros œuvre. Ils rencontrèrent aussi les bûcherons qui apportaient le bois, puis aperçurent les forges, où l’on travaillait le fer à grand bruit.

— Avec tout ce monde, les choses iront bon train, se félicita le mandarin. Il ne vous manque qu’un cocher pour stimuler vos artisans.

— Avec un grand fouet, alors, se permit de nuancer l’architecte.

Le coup d’œil qu’il jeta en direction du lieutenant Long sous-entendait qu’il aurait aimé un peu plus de poigne de la part du commandement militaire.

Tandis que la route serpentait à flanc de coteau, il détailla pour le magistrat les portions de Muraille qu’ils avaient sous les yeux. Elles dataient d’époques multiples, où différents modes de construction avaient été appliqués, et s’étaient conservées diversement. Des restaurations successives et erratiques, survenues dans les rares périodes de paix intérieure, ajoutaient à cette confusion. On pouvait marcher sur de la roche bien ferme pendant un li, puis tomber sur un tronçon en brique crue qui avait mal supporté quatre siècles de pluie et d’incurie. La bonne pierre grise, qui formait la section la plus solide, était loin de constituer la norme locale. L’architecte était parvenu à dater à peu près chaque segment en se fondant sur les archives.

— Ah, fort bien ! dit Ti. Nous sommes en train de voyager à travers nos nombreuses dynasties !

Chacune, ou presque, avait laissé son souvenir sur cette frontière entre le monde civilisé et l’inconnu dont il importait de se prémunir.

— Votre Excellence devrait revenir au point du jour. Pour peu qu’il y ait du brouillard, c’est encore plus beau. Les tours émergent du néant comme la vérité des brumes de l’ignorance.

Ti profitait d’une leçon de philosophie en même temps que d’une visite archéologique ; il n’avait pas lieu de regretter son déplacement.

Ils atteignirent une éminence où Lu Bu leur proposa de mettre pied à terre : l’œil y enrobait une large partie de la Muraille, c’était selon lui le meilleur point de vue. Il avait d’ailleurs fait préparer une petite collation, agrémentée d’un thé bien chaud dont les théières fumaient sur des braseros. Ti ne se fit pas prier pour rallier les pliants installés pour eux et loua le sens de l’organisation du fonctionnaire.

Tandis qu’ils se restauraient de petits pains sucrés fourrés au sésame et de fromage de soja fermenté, ils purent effectivement admirer le long étirement du mur qui barrait l’horizon. La suite de créneaux et de tours s’étendait interminablement derrière une série de poteaux qu’on avait plantés à intervalles réguliers au bord de leur belvédère. Pour une fois, Ti était heureusement surpris : on ne voyait nul dégât.

— Il n’est pas si grand, votre trou, dites-moi. On ne remarque rien du tout.

Un peu nerveux, l’architecte leur suggéra de rentrer en ville, maintenant qu’ils avaient vu ce qu’il y avait à voir. C’était mal connaître le mandarin, qui avait une conception plus exigeante de la manière d’accomplir ses missions.

Comme le vent se levait sur leur promontoire, il leur sembla qu’une portion de la Muraille se gondolait. Ti commençait à douter de sa vue quand sa femme quitta son siège pour s’approcher des poteaux. Elle tendit la main vers la Muraille, qui se tordit et se froissa entre ses doigts. Ti ne fallut qu’un instant à dame Lin pour faire tomber la banderole que l’on avait fixée entre deux des montants de bois, dont la présence s’expliquait tout à coup. Un artiste avait reproduit le paysage sur un large drap et y avait représenté un tronçon de la Muraille telle qu’elle aurait dû être, afin de dissimuler aux visiteurs ce qu’elle était réellement. Madame Première se tourna vers l’architecte ; elle avait à la main l’étoffe à présent toute plissée, lamentable reliquat de pierres et de végétation entremêlées :

— Je n’ai jamais vu une façon aussi rapide de régler les problèmes de construction.

Les convives découvrirent alors avec horreur ce que le dessin avait servi à cacher. Il n’y avait rien derrière. Ti sentit son crâne approcher du niveau de chaleur des théières qui fumaient non loin d’eux.

— Allons-nous retenir les barbares avec des murailles de papier ? demanda-t-il.

L’architecte bredouilla que ses subordonnés avaient mal compris ses directives. Cette peinture devait servir à se rendre compte de l’effet global une fois les travaux terminés. On avait oublié de l’ôter avant l’arrivée de Son Excellence.

Ti avait toutes les raisons d’en douter. Par bonheur, il restait convaincu que la menace barbare n’était pas du tout virulente en cette saison.

— Allez ! Hâtons-nous d’aller boucher ce trou ! Il ne faudrait pas que quelque voleur ou quelque contrebandier malintentionné en profite pour traverser.

Lu Bu échangea un regard entendu avec le lieutenant Long.

— Certes, noble juge. Un contrebandier ! Ah, non ! Nous n’en voulons pas !

Ils avaient bien d’autres soucis en tête que les fraudeurs, mais n’osaient encore en faire part à l’émissaire de la préfecture.

Ti et ses hommes remontèrent en selle pour couvrir la distance qui les séparait de ce merveilleux tas de briques. L’architecte les conduisit à un endroit où une rampe en bois avait été adossée à l’ouvrage pour permettre aux chariots d’y accéder. Quoique étroit, le chemin de ronde, dans ses parties planes, pouvait servir de route, ce qui facilitait le transport du matériel. Certaines tours disposaient en outre d’escaliers. Ti s’engouffra dans l’un d’eux, suivi de son épouse et du reste de leur troupe.

La particularité de la Muraille, par rapport aux autres monuments, c’était que, une fois dessus, on la voyait encore. Un long serpent dont la teinte variait du brun au gris courait de part et d’autre. Il plongeait dans les creux pour repartir à l’assaut des éminences avec une audace extraordinaire. Ti imagina la détermination de ceux qui avaient dirigé la réalisation de ce projet, et le courage qu’il avait fallu à ceux chargés de l’exécuter. Élever des fortifications urbaines paraissait un jeu d’enfant en comparaison de cette chose inhumaine déposée sur la pointe de collines escarpées.

De là-haut, les défauts se voyaient un peu moins et le spectacle avait de quoi impressionner les plus dubitatifs. Lu Bu avait repris assez d’assurance pour leur vanter sa magnificence :

— L’originalité de cette Muraille, noble juge, c’est de n’avoir pas de fin. Votre Excellence pourrait marcher pendant des jours et des jours. Elle parviendrait à l’extrémité est de notre territoire, jusqu’à avoir les pieds dans la mer Jaune.

— Merveilleux, grogna le magistrat. Allons-y tout de suite.

— J’ai calculé qu’il faudrait à Votre Excellence une vingtaine de paires de bottes et des provisions pour cinq mois.

— Dommage que mon budget soit si serré.

— N’a-t-on pas pensé à disposer des débits de nourriture pour les visiteurs ? demanda son épouse.

Le regard de l’architecte prit une nuance de tristesse.

— Hélas, noble dame des Ti, la Muraille n’attise guère la curiosité de nos Chinois : la grandeur de l’empire peut se constater en tous lieux, nul besoin de se déplacer jusqu’ici.

Sa déception faisait pitié. Dame Lin s’efforça de le consoler :

— Si jamais, un jour, cette grandeur devient moins visible, peut-être les gens viendront-ils ici pour se la rappeler.

Le chemin de ronde sur lequel ils avançaient était à peu près large de la hauteur d’un homme. Chaque tour était surmontée d’un petit pavillon au toit pentu, où les soldats pouvaient s’abriter s’il se mettait à pleuvoir pendant leur tournée. Si enthousiaste qu’il fût, Lu Bu ne put empêcher le mandarin de voir que certaines étaient à demi effondrées : des pans de murs s’ouvraient lamentablement sur le vide. D’autres tours, les plus grosses, étaient pour ainsi dire rasées : seules quelques pierres l’une sur l’autre portaient la mémoire d’un édifice évanoui. Ti avait l’impression de contempler au même endroit la splendeur et la décadence d’une nation, son apogée et sa ruine. Et c’était à lui qu’on demandait de rétablir l’empire dans sa gloire éclatante !

Au reste, la progression n’était pas de tout repos. On rencontrait partout des escaliers, en raison des déclivités de cette zone montagneuse. La construction ne pouvait faire autrement que de suivre la courbe des collines, aussi fallait-il sans cesse monter et redescendre.

Ils eurent le courage de se rendre sur le point le plus élevé. On y dominait la région où vivaient les peuples indomptés, pour la plupart des tribus nomades qui se déplaçaient au rythme des saisons avec leurs troupeaux. La tour la plus haute avait déjà fait l’objet d’une restauration que l’architecte ne se priva pas de leur détailler sous ses moindres aspects. Les voûtes ogivales des fenêtres encadraient magnifiquement le décor de végétation roussie par l’automne qui couvrait coteaux et vallées. De l’intérieur d’un tel bâtiment, on ne pouvait ressentir nul sentiment de crainte pour la civilisation qui l’avait édifié.

— Les sauvages peuvent venir ! s’écria Lu Bu dans un bel élan de patriotisme.

— Il serait bon qu’ils attendent un peu, néanmoins, rectifia le lieutenant Long, que la puissance des pierres et des briques enflammait modérément.

À certains endroits, les créneaux eux-mêmes étaient éboulés, et les escaliers, impraticables. Ti songea que c’était certainement un monument capable d’impressionner le barbare, à condition de le maintenir en parfait état. Dans le cas contraire, il constituait à l’inverse un très net signe de faiblesse. Aux emplacements les plus abîmés, de la végétation s’insinuait dans les fissures, ce qui contribuait à desceller les mœllons encore en place.

— Ce sont des jardiniers, qu’il vous faudrait, grommela le juge Ti en arrachant lui-même une touffe d’herbes hautes qui avait entrepris de dévorer les pavés si péniblement installés là.

Alors qu’il passait sa contrariété sur les buissons indélicats, il ne vit pas qu’il avait mis le pied sur une section très délabrée. Il y eut un bruit étrange, une sorte de craquement suivi de frottements. Quelque chose avait dû céder en contrebas. L’affaissement se transmit au promontoire où il se tenait. Madame Première tendit les bras vers lui, mais le lieutenant Long la tira en arrière pour l’empêcher de tomber elle aussi, tandis que le mandarin, figé par la surprise, sentait le sol se dérober. Tout un pan du mur était en train de s’écrouler sur lui-même, entraînant le mandarin. Celui-ci perdit l’équilibre, puis glissa sur les fesses jusqu’à un vaste trou qui venait d’apparaître devant lui et qui l’engloutit. Comme il disparaissait dans la cavité, il eut la conviction d’avoir atteint sa dernière heure et d’être en route pour les enfers.

Ce sentiment se confirma quand il se trouva nez à nez avec une tête de mort, un crâne encore recouvert de vagues lambeaux desséchés et de mèches de cheveux. À mesure que la poussière millénaire soulevée par l’éboulement se dissipait un peu, il vit, parmi les débris, ce qui ressemblait fort à des membres humains disséminés un peu partout. Il était indubitablement dans un charnier.

Ce ne fut qu’au bout d’un long moment qu’on parvint à l’extirper de sa fosse. L’architecte était livide. C’était précisément le genre d’accident qu’il avait voulu éviter grâce à l’artifice de sa banderole peinte. Ti était en transpiration, malgré la température très fraîche de cette fin d’automne. Sa robe était fripée, salie, déchirée. Pire encore, il avait perdu une bonne part de sa dignité, un accident insupportable au mandarin de troisième catégorie, deuxième rang, qu’il était. Il convenait de prendre au plus vite une mesure qui rétablît son autorité mise à mal.

— Trente coups de bambou au responsable de cet éboulis !

Lu Bu expliqua que ce drame était l’œuvre du temps. Les briques avaient fondu, minées par les ruissellements. Ses excuses furent interrompues par une découverte macabre. Tout le monde avait les yeux fixés sur la série de squelettes qui émergeaient de la cassure.

— Je vois que je ne suis pas le premier qu’on assassine ici, s’exclama Ti.

Ce crime-là, si c’en était un, avait été commis des siècles plus tôt.

— Cinq, exactement, précisa Lu Bu. Cette zone date du règne des souverains hans.

Les tâches pénibles sur ces arêtes rocheuses, la rudesse du climat, les épidémies, tout cela avait fait des centaines de milliers de victimes, parfois inhumées dans la construction elle-même. La Grande Muraille était le plus grand cimetière du monde.

— Qu’on me sauve de ce tas de boue ! déclara Ti avant de dévaler l’escalier le plus proche, au risque de briser ses membres miraculeusement épargnés par sa chute.

Il était résolu à faire colmater les brèches au plus vite. Le problème était de concilier l’urgence et la solidité.

— L’urgence me semblerait à privilégier, dit le lieutenant Long avec une gravité que le mandarin n’apprécia pas du tout.

On ne pouvait rien faire de plus pour le moment, aussi rentrèrent-ils en ville. En proie à des idées noires, Ti avait délaissé l’architecte, qu’il ne supportait plus, pour chevaucher en compagnie de son épouse.

— On va m’exécuter dès mon retour à Lan-fang, annonça-t-il.

Telle était la conclusion de son expertise.

— Pourquoi ? s’étonna dame Lin. Vous n’êtes pas responsable des gabegies antérieures !

— Je le suis, maintenant ! Il faudra bien punir quelqu’un. Qui voyez-vous d’autre dans ce rôle ?

Elle désigna du menton le petit fonctionnaire local qui leur avait fait la visite. Son mari soupira.

— La punition est toujours à la hauteur du désagrément éprouvé par la Cour. Exécuter un sous-fifre aussi minuscule n’apaisera la colère de personne.

Madame Première leva les yeux au ciel. L’orgueil de son mari éclatait en toute occasion, même dans les situations les plus inattendues.

— Bien sûr, approuva-t-elle. Il faut au moins une tête de la taille de la vôtre pour combler un trou dans la Grande Muraille.

Panique sur la Grande Muraille
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